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Retour aux sources du dialogue et de l’écoute
Savons-nous encore dialoguer et écouter ? Avec l’infobésité et la rapidité d’interaction actuelle, ainsi qu’avec la virtualisation, avons-nous encore les clefs d’une écoute profonde et qualitative ? Je vous propose une réflexion aux sources du dialogue et de l’écoute.
Dialogue et écoute : grandir avec son prochain
Qu’il s’agisse de management, de branding d’entreprise, de mobilisation d’une équipe autour d’une idée fédératrice, d’une représentation que l’on se fait d’un objectif à atteindre, le gage du succès de voir se concrétiser ce à quoi on aspire, ne peut faire l’économie d’un véritable dialogue et d’une réelle écoute entre les parties prenantes en amont.
Comment faire naître une vision partagée ex-nihilo en partant de son idée sans prendre la peine d’écouter vraiment ce à quoi l’autre aspire pour devenir un coéquipier talentueux. D’ailleurs a-t-il envie d’être coéquipier de cette aventure ?
Écouter pour être co-apprenant
- Prenons-nous le temps de partager nos histoires apprenantes, pour apprendre ensemble à partir d’expériences vécues dans les organisations ?
- Pouvons-nous par ce biais faire ressortir les thèmes forts qui résonnent ou qui questionnent et les partager au sein du collectif ?
- Quels changements de posture cela entraîne t’il en s’inspirant de ce qui a été partagé ?
Savons-nous réellement écouter ?
L’écoute dans son sens étymologique vient du latin classique ‘auscultare’ évoquant l’écoute en silence et en profondeur de la vitalité invisible de l’autre. Vient cette question : honorons-nous véritablement l’écoute
Combien de fois cette écoute est perturbée par une idée que l’on veut absolument donner dans l’instant, sans même écouter le développement de l’autre et recueillir en son sein les particules de conscience et de connaissance que l’autre nous a apporté ?
Ceci est le biais de l’Ego en tant que sujet pensant, qui se manifeste alors. Il nous murmure à l’oreille des idées, qui prennent la place de l’écoute, et de celles de l’autre !
C’est un défi : écoutons-nous pour répondre, donner des solutions ou pour accueillir l’autre en silence et en profondeur, en étant attentif à une écoute empathique et à une compréhension générative de ce qui se passe dans le champ du dialogue ?
Ecouter pour récolter
L’écoute ne devrait se passer de son corollaire : accueillir. Sommes-nous conscients de la vitalité invisible de l’autre ? Réalisons-nous les récoltes insoupçonnées de l’écoute : la curiosité, la résilience, la présence et l’émergence ?
Pourtant, optons-nous pour la petite voix intérieure ou pour une réelle écoute ?
Pourtant, le futur qui se profile exige un changement de paradigme et que l’on aille au plus profond de son être, avec authenticité ; que l’on aille au plus profond de son humanité, non seulement en tant qu’individu, mais aussi en tant qu’organisation (quelle qu’elle soit) et à fortiori en tant que société. Car « nous sommes des êtres spirituels vivant une expérience humaine » – Pierre Teilhard de Chardin.
L’écoute naturelle du bébé
Cela est un fait. Lorsque l’on naît, le socle commun est le langage pour se faire comprendre, pour partager nos idées, pour exprimer nos besoins. Le langage structure notre cerveau. Dès sa naissance, nous sommes à l’écoute profonde du bébé. Nous cherchons à apprécier ses ressentis, à interpréter ses pleurs. Nous instaurons avec lui un dialogue fécond gage de croissance harmonieuse avec ce petit être. D’ailleurs le langage des signes s’implante de plus en plus dans les garderies et crèches, garant d’une bonne communication préverbale (encore une grande avancée sur le dialogue avec bébé).
Alors, comment se fait-il que ces qualités naturelles s’envolent une fois atteint l’âge de la maturité, alors que dans l’interaction des uns avec les autres la communication tient une place prépondérante ?
Dialoguer « en cercle » comme les amérindiens
Parmi les traditions séculaires, le dialogue en cercle influence actuellement les organisations humaines pour son pouvoir régénérant sur les façons de communiquer les uns avec les autres.
Dans la spiritualité amérindienne, le cercle réserve une place sacrée à la parole ancrée et profonde et à son échange dans le respect et le cadre protecteur du groupe et de règles de prise de parole.
- Parler à partir de soi et avec intention,
- Écouter avec attention sans couper la parole (bâton de parole),
- Parler au cœur du cercle sans chercher à débattre ou à avoir raison,
- Laisser le temps à chacun pour que la parole authentique puisse s’exprimer.
Dialogue et écoute pour progresser
Cela ne s’improvise pas. Et le dialogue et l’écoute sont les deux axes de progression sur lesquels on peut s’appuyer. D’histoires apprenantes en conversations apprenantes, comment faire naître un dialogue génératif entre tous pour qu’il y ait naissance d’un socle commun permettant de se projeter dans un faire commun ?
Petit exercice du jour : avez-vous fait l’expérience de l’écoute seule et attentive d’un ami, d’un collègue, sans intervention de votre part ? Je serai ravie d’avoir vos retours.
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