Les peurs du rejet de de l’abandon au cœur du processus du deuil

Les blessures de rejet et d’abandon sont fortement activées en cas de confrontation à une perte, donc à un deuil. Elles guident notre réactivité. Or, la capacité à traverser le décès d’un proche, l’arrêt brutal d’un projet professionnel, un dépôt de bilan, un échec professionnel ou amoureux, un départ à la retraite, un accident corporel, est aussi liée à notre conscience de ses mécanismes.

Les peurs du rejet de de l’abandon : les causes du mal

Certains sont mieux armés pour affronter la peur du rejet et de l’abandon réveillée par le choc de la perte. D’autres beaucoup moins. Ces deux peurs sont viscérales et terrorisantes, menant parfois à la maladie ou à des pathologies sévères.

▪ De façon générale, la blessure de rejet provoque la fuite, et une baisse de l’estime de soi, c’est la blessure émotionnelle la plus forte. Les personnes se replient sur elles-mêmes, se coupent du monde, et trouvent un objet de fuite (cigarette, drogue, alcool, sexe). Malheureusement transformées en addiction rapidement, ces fuites empêchent le détachement.

Ex : Suite à son licenciement, Nathalie passe toutes ses soirées à jouer en ligne, elle ne voit plus personne. Le rejet activé est si grand pour elle, qu’elle ne peut y faire face.

▪ La blessure de l’abandon déclenche quant à elle de la dépendance (affective), car un besoin vital d’être aimé n’est pas assouvi. La personne a un besoin de reconnaissance et de soutien constant, ne supportant pas la solitude.

Ex : Suite à son cancer, Alain appelle tous les jours sa sœur. Et lui demande beaucoup de temps car il a besoin d’attention. Des tensions naissent car sa sœur ne comprend pas son insistance.

Comment guérir de ses blessures et aller vers l’acceptation ?

Dans un premier temps, la prise de conscience du mécanisme passe par le fait de s’observer dans son corps, et donc se connecter à son ressenti. Puis, une fois que l’on a verbalisé ceci, se donner le droit d’être ainsi. Nous sommes tous des êtres sensibles et nous avons le droit d’être faibles à certains moments.

→Se donner ce droit, accueillir ses émotions, c’est faire un premier pas vers l’acceptation.

C’est être bienveillant envers soi ou pratiquer ce qu’on appelle l’Ecologie de soi. Or, c’est précisément ce que l’on oublie souvent, voulant à tout prix être opérationnel, compétitif, productif.

En prenant le temps d’observer les autres dans leurs réactions (et de prendre soin d’eux), nous prenons la mesure de l’universalité de nos peurs, le voir et être plus clément avec l’autre facilite l’acceptation en soi.

Donner le droit aux autres d’être faibles contribue à l’acceptation.

Plus la conscience fera sa place et plus la confiance en soi reviendra

Peu à peu, le fuyant prendra la place qui lui revient et osera s’affirmer et donc décider; le dépendant quant à lui, gérera plus aisément sa solitude, et ne demandera de l’aide qu’en fonction de ses besoins réels et non pour obtenir de l’attention.

Dans le fond n’est-ce pas se réconcilier avec soi-même, s’aimer inconditionnellement, et s’accepter totalement dont il s’agit ? Cette dernière phase mène à la reconstruction et au nouvel élan de vie : l’après deuil.

 

Rappel : Les blessures et leurs masques associés

Ces blessures, dites « blessures de l’âme », ont été mises en évidence par le psychiatre américain John Pierrakos. Travail repris par la bien connue Lise Bourbeau.

Elles sont éveillées en réaction à des comportements d’adultes par l’enfant lui-même. Il s’agit la plupart du temps du ressenti personnel de l’enfant. Le parent n’est aucunement à mettre en cause. Les blessures demeurent inconscientes et indécelables. Seuls les « masques » étant les comportements de protection qui en découlent, sont visibles.

  • Rejet / Masque : fuyant.
  • Abandon / Masque : dépendant.
  • Humiliation / Masque : masochiste.
  • Trahison / Masque : contrôlant.
  • Injustice / Masque : rigide.

 

Devenir son meilleur ami et s’accepter tel que l’on est

Pour conclure le deuil est sans aucun doute la force génératrice de résilience la plus importante chez l’humain, quand il est traversé en conscience. Il arrive à nous de multiples façons. Et en connaître les phases, et les blessures corolaires ne peut que nous conduire vers une vie plus sereine, faite de paix intérieure et d’une plus grande tolérance face au monde.

 

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