
Comment traverser un deuil et aller de l’avant ?
« Faire son deuil », telle est l’expression usitée. Ne devrait-on pas plutôt aborder le deuil comme une traversée, un voyage en soi ? Plutôt qu’une action permettant de « passer à autre chose », et d’oublier la chose ou la personne. Et si il le chemin était de nous réapproprier le lien en nous-même, à un autre niveau ? En acceptant de vivre différemment le manque, qui va certes demeurer, même si nous retrouvons espoir et redémarrons notre vie.
Traverser un deuil fait partie de notre vie
C’est ainsi, notre vie est une alternance de changements et de transitions ponctuée par des moments de quiétude et des moments plus tumultueux. Nous connaissons tous ces grands passages fondamentaux que sont notre naissance, l’adolescence, l’âge adulte, la vieillesse qui assurent notre développement, notre croissance, notre adaptation dans le monde familial, social, professionnel, et qui correspondent à l’épanouissement de la personne.
Connaissez-vous le complexe du homard ?
Françoise Dolto et sa fille Catherine Dolto-Tolitch ont mis en exergue le complexe du homard dans un livre publié en 1989. Nous connaissons tous ce complexe à certains moments de notre vie.
Les homards muent, et quand ils changent de carapace, perdent d’abord l’ancienne et restent sans défense, le temps d’en fabriquer une nouvelle. Pendant ce temps-là, ils sont très fragiles et vulnérables. Pour faire face à ce changement, ils se cachent dans un trou, et attendent d’être à nouveau « armé » pour en ressortir.
Traverser un deuil, c’est changer de carapace, en quelque sorte. Car l’humain a besoin de temps pour se refabriquer un nouveau soi, capable d’affronter la vie, et de poursuivre son chemin.
Seulement, comment ressortir du trou ?
Le deuil nous atteint tous à un moment
Nous pouvons tous rencontrer des obstacles spécifiques et d’intensité différente tels qu’un divorce, une maladie, le handicap, un confinement, un licenciement, un déménagement, un conflit, une fusion-acquisition, l’éloignement d’un être cher, le port du masque, ou toute forme de déchirure intérieure reliée à un être cher ou une situation sans retour possible apparent ou réel, nécessitant un travail de détachement. Dans toutes ces situations il s’agit de traverser le deuil.
Se détacher pour retrouver son équilibre
Ce processus de détachement s’apparente à cette phase de transition, véritable métamorphose psychologique qui s’opère et accompagne ces passages, ces ruptures. Les étapes sont toujours les mêmes et correspondent à des temps nécessaires au bon équilibre psychique de la personne.
L’enseignement du Dr Elisabeth Kübler Ross
Suite aux travaux du Dr Élisabeth Kübler-Ross, psychiatre et professeur de médecine du comportement, pionnière et figure de proue de la thanatologie* moderne, nous savons ce qui se passe pour les personnes qui vont faire un ultime changement et passer de la vie au repos éternel.
Le deuil est cette période d’intégration progressive, non définie dans la durée, marquée par les adaptations internes, émotionnelles, affectives, psychiques que ces évènements imposent.
Ce déroulement ou processus passe par différentes étapes avant d’arriver à l’acceptation de ce qui ne sera plus comme avant, pour accéder à quelque chose de nouveau. Ces étapes sont symbolisées par la célèbre courbe du deuil.
Traverser un deuil : les 5 étapes
- Le déni
Dans la première phase la personne se confronte au choc et au déni. Elle vit une sorte de sidération dans laquelle elle a le sentiment que le temps s’est brusquement arrêté. La nouvelle réalité paraît illusoire et incompréhensible. La personne fait face à une nouvelle inattendue qui la tétanise.
- La colère
La deuxième étape, marquée par la colère, une attitude révolte naît avec le sentiment d’une injustice flagrante. Soit la personne ressasse les mêmes griefs, soit elle fait l’expérience d’un manque de confiance et d’un repli sur soi. Par exemple, « j’ai demandé une augmentation de salaire qui m’a été refusée ».
- Le marchandage
Pour « marchander », la personne élabore différents scénarios en troisième étape. Avec des « Si », on mettrait Paris en bouteille ! A force de suppositions tout devient possible.
Par exemple : « Si nous n’avions pas crevé sur la route, nous aurions pu participer à la réunion et nous aurions influer positivement sur les décisions du comité de direction ».
- La dépression
Au plus profond de la quatrième étape, la personne est confrontée à la dépression. Il est impossible de contester la réalité et une sorte d’abattement s’empare d’elle. C’est le néant, plus rien n’a de saveur. La tristesse est incommensurable.
Par exemple : « Xavier a vécu une phase de dépression pendant laquelle il ne se sentait plus capable de diriger son entreprise, après le décès de son beau-frère ». Le soutien de ses collaborateurs lui a permis au bout d’un certain temps d’accéder à la phase d’acceptation.
- L’acceptation
Quand vient le temps de l’acceptation, vient le temps de l’accueil de la réalité. La personne réinvestit sa propre vie et sa confiance revient peu à peu avec une ouverture vers de nouveaux possibles. De nouveaux projets naissent avec l’envie d’aborder la vie avec un nouveau regard. La réalité de la perte, le processus de détachement par rapport à un préjudice subi, un départ sont acquis. Toutes ces ruptures, ces changements de situations participent également à notre adaptation dans le monde, quelques soient les domaines de vie (familial, social, professionnel).
NB : Cette courbe du deuil suit un processus itératif qui n’a pas la linéarité du passage d’une étape à l’autre.
Le temps de la croissance personnelle
Toutefois, ces périodes aussi sensibles soient-elles peuvent devenir des temps de croissance intérieure pour peu que nous nous donnions le temps de les vivre les yeux grands ouverts c’est-à-dire avec conscience et beaucoup d’amour pour soi. Or cet amour de soi est souvent piétiné par nos peurs, telles que celle du rejet et de l’abandon, dans une inconscience totale.
Et si notre capacité à franchir ces 5 étapes était liée à nos peurs du rejet et de l’abandon ?
Le juge le plus sévère est souvent.. nous-même ! Et cela est lié à ces peurs surpuissantes de rejet et d’abandon. Comment faire remonter tout ceci à la conscience ? C’est ce que nous allons étudier dans un prochain article à lire sur notre Blog.
* science de la mort ou en d’autres termes l’étude de la mort.